Campagne Presidentielle: Evaluation Pre-Electorale, juin 1993
COMPENDIUM EXECUTIF
Les élections présidentielles gabonaises prévues pour le mois de décembre mettront a l 'épreuve l'engagement envers la démocratisation prôné par le gouvernement national a la tète du pays depuis vingt-cinq ans. En raison de l'évidence, au Gabon, de l'imminence du passage d’un gouvernement uni-partite h une démocratie multi-partite, I' Afrique suivra de prés cette élection. La plupart des Africains, et leurs amis étrangers, offriront tous leurs vœux de réussite aux Gabonais, en espérant que 1'élection donnera corps h une volonté nationale. D'autres, géographiquement plus proches, attendront avec une certaine appréhension un événement lourd de répercussions a leur égard. En procédant h des élections libres et équitables, et en exécutant une transition dénuée de violence dans le sens d’un système de gouvernement plus démocratique, Le Gabon peut constituer un modèle pour Le continent africain.
Le Gabon est arrive a son stade actuel d'évolution en qualité de pays moderne sous la pression populaire demandant une participation plus large aux affaires publiques. II est aujourd'hui dote des principes démocratiques, d'institutions naissantes, de lois fondamentales et d'une participation croissante de ses citoyens. Son expérience d'élections législatives libres en 1990 lui octroie certaines capacités, absentes dans de nombreux autres pays engages sur la même voie. Il dispose de ressources abondantes en vue de couvrir les coûts électoraux, mais il lui faudra un soutien moral, technique et matériel de la part de ses amis.
Le gouvernement gabonais, en qualité d'administrateur de 1'élection, sera charge de faire la preuve de l'équité du déroulement électoral. II lui faudra acquérir la crédibilité et l'aval de ses propres citoyens, et de la collectivité internationale, en agissant sans retard pour répondre aux allégations d'abus et en respectant les règles du jeu, comme il l'attend de ses adversaires.
L'Etat doit relever deux taches immédiates. Il lui faut remplir les critères Législatifs et administratifs de mise en œuvre du Code électoral. Deuxièmement, il doit publier la loi habilitante et les textes d'application permettant au Conseil national de communication (CNC) de prendre ses fonctions intégrales. II est probable que l'accès et le contro1e des moyens de communication de masse constituera l'un des éléments les plus contestes de la période et de la campagne électorales, au préalable de l'élection présidentielle. Une CNC active, dotée de collaborateurs et d'un budget idoines, et d'une mission c1airement définie, constituera un mécanisme important de résolution de conflits concernant les questions d'acres des partis et des candidats aux medias contro1ees par l'Etat. II sera tout aussi important de disposer de réglementations et de procédures électorales définies avec précision, éléments indispensables pour que le processus d'ensemble décrit par le Code électoral prenne corps.
En outre de ces tâches immédiates, l'Etat, les partis politiques et les organisations non gouvernementales, éventuellement avec l’appui de la collectivité internationale, devront cerner des moyens acceptables et effectifs pour diffuser les informations au public gabonais en ce qui concerne les prochaines élections. Il conviendrait de lancer un programme d'éducation des électeurs, parraine par l'Etat, bien avant l'élection. Il conviendrait d'autoriser les partis politiques à utiliser toutes les filières disponibles pour la diffusion rationnelle de leur message. (Dans ce contexte, les rapports récents de brouillage d'émissions par la station radio RNB sont inquiétants. L'IFES recommande que l'Etat enquête sur la source de ce brouillage et prenne soin de toutes les questions juridiques subsistant entravant l'autorisation absolue de radios et de télévisions privées). Les organisations non gouvernementales peuvent participer au processus électoral par Le truchement de programmes d'éducation civique et du suivi non partisan de la campagne et des élections.
L'équipe d'évaluation de I'IFES, séjournant au Gabon du 8 au 18 mai 1993, accompagnée de deux collaborateurs du National Démocratique Institute, a été chaleureusement accueillie par tous les Gabonais contactes, du secteur public et prive. Elle souhaite exprimer ses sincères remerciements a tous ceux qui lui ont, généreusement, accorde leur temps et partage leurs informations avec l'équipe, ainsi qu'a Monsieur l'ambassadeur des Etats-Unis et ses collaborateurs a Libreville pour leur soutien.
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